Le chat clandestin

Quand j’étais adolescent, j’étais en vacances dans ma famille en Tunisie.

Un jour, j’ai rencontré un chat de gouttière qui était dans un sale état. Il était famélique, crasseux et dévoré de tiques.

Je ne sais pas pourquoi, mais ce chat revenait constamment me voir. Ce n’était plus un chaton, mais il était visiblement très jeune et en manque d’affection. Un jour, j’ai décidé de la ramener à la maison. Quand je l’ai soulevé de terre, il aurait pu me griffer et me mordre, mais il s’est complètement laissé faire. Je l’ai lavé, soigné, enduit de produit anti-tiques. Il était toujours aussi maigre, mais il était déjà plus présentable. Je l’ai nourri et il s’est remplumé petit à petit.

La fin des vacances arrivait, je devais rentrer en France et j’aurais dû normalement donc m’en séparer.

J’étais venu par le ferry et je devais l’emprunter de nouveau pour rentrer.

Un cousin plus âgé, qui devait m’accompagner et conduire la voiture, a accepté de jouer le jeu et nous avons discrètement fait embarquer notre passager clandestin. Il a joué le jeu en acceptant de ne pas miauler devant les contrôleurs et tout s’est bien passé jusque-là.

Nous devions partager la cabine avec quelqu’un que je ne connaissais pas.

On a vu arriver un type immense, patibulaire avec des cicatrices et un visage fermé. C’était un ancien champion de France de boxe. Nous lui avons expliqué que notre chat allait aussi partager la cabine et il n’a pas eu l’air ravi de l’apprendre. Il a fallu négocier avec précaution. Le gars a juste dit : « Eh, par contre, le chat là ; dans la salle de bain. »

On a été soulagés qu’il ne nous ait pas demandé de le jeter par-dessus bord. Et c’est comme ça que mon chat a été naturalisé français et coulé de beaux jours avec moi.

Ma famille restée en Tunisie était assez jalouse. Ils disaient : « Quand même, ce chat mène la grande vie en France et nous, on est là ! C’est pas juste ! »

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