Un combat douloureux
Mon grand-père a fait la guerre d’Algérie de 1954 jusqu’à 1962 dans l’Oranais, dans l’ouest du pays.
Cette histoire débute quand il avait 17 ans après avoir vu ses deux frères tués par des soldats français. A ce moment- là, il a juré de rejoindre d’autres combattants qui avaient vécu une histoire comparable à la sienne.
Les combats se sont déroulés sous le commandement du Front de Libération Nationale (FLN). Mon grand-père m’a raconté le harcèlement subi par les envahisseurs français qui ne respectaient aucun droit humanitaire – par exemple un citoyen algérien travaillait deux fois plus qu’un citoyen français et gagnait moins, l’égalité n’existait pas et le racisme dépassait l’imagination.
En 1958, pendant un affrontement, mon grand-père a reçu une balle perdue dans la jambe gauche. Il est parvenu à se cacher pour ne pas être capturé.
A cette période, il n’y avait pas de chirurgiens ni de spécialistes dans les rangs algériens, il a donc été soigné avec les moyens du bord.
Les soignants non qualifiés ont pu quand même arrêter l’hémorragie et il est resté allongé plus d’un mois dans une grotte jusqu’à ce que la plaie cicatrise.
Je lui ai demandé : « combien de soldats ennemis as-tu éliminés ? » Après un long moment de réflexion, il m’a répondu : « aucun soldat ne peut savoir combien de gens il a blessés ou tués ; ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu de grosses pertes dans les deux camps. Cette guerre pour l’indépendance a été nécessaire mais personne ne l’a aimée à cause de cela. Bien qu’elle ait donné l’indépendance, elle a représenté de grandes souffrances”.
Je garde de son témoignage l’idée personnelle qu’il est préférable de chercher à régler les conflits à l’amiable.