Les aventures de Nasreddine
Lorsque j’étais en vacances en Algérie, ma grande tante Fatma, me racontait les histoires de Nasreddine Hodja, aussi appelé Djeha en fonctions des pays. Nasreddine est un personnage populaire Soufi, connu comme « l’idiot qui était sage », dont on conte ses aventures et ses sagesses, transmises oralement au fil du temps puis collectées dans des recueils. Ce personnage dont on ne sait plus s’il a réellement existé, est connue de l’Asie centrale jusqu’en Turquie et en Iran en passant par la Méditerranée.
La pièce d’or et le fainéant
Nasreddine aimait trainer au lit le matin. Mais son voisin, qui était paysan, lui disait toujours :
Nasreddine, il ne faut pas rester au lit. Lève-toi ! La vie appartient à celui qui se lève tôt.
Non ! répondait Nasreddine . Tu te trompes, la vie appartient à celui qui se lève tard.
Ils n’étaient jamais d’accord. Un matin, le voisin frappe à la porte de Nasreddine en riant :
Lève-toi ! J’ai la preuve que la vie appartient à celui qui se lève tôt.
Et comment cela ? dit Nasreddine , à moitié réveillé.
Eh bien, ce matin, en allant travailler, j’ai trouvé une pièce d’or sur la route.
Et alors ?
Alors c’est la preuve qu’il est bon de se lever tôt !
Pas du tout, réplique Nasreddine . Parce que celui qui a perdu la pièce, s’est levé encore plus tôt que toi.
Puis Nasreddine s’est recouché et il a recommencé à ronfler.
La djellaba de Nasreddine
Un soir, Nasreddine revient de son travail dans les champs avec des vêtements sales et tout crottés. Soudain, dans une rue, il entend rire et chanter, et il comprend qu’il y a une fête. Or chez nous, quand il y a une fête, tout le monde peut y aller. Nasreddine pousse donc la porte de la maison et sourit de bonheur : une bonne odeur de couscous se dégage de la cuisine. Mais il ne peut aller plus loin ; il est tellement mal habillé qu’on le chasse de la fête sans ménagement. Il court alors jusqu’à sa maison, met sa plus belle djellaba et retourna à la fête.
Cette fois, on l’accueille, on l’installe confortablement et on pose devant lui à manger et à boire. Nasreddine prend du couscous, de la sauce et du thé ; il commence à les répandre sur son manteau. Et il dit :
Mange, mon manteau ! Bois, mon manteau ! Mange, mon manteau !
L’homme assit a son côté lui dit :
Que fais-tu là, malheureux, à étaler le couscous et le thé sur ton manteau ? Es-tu devenu fou ?
Non l’ami, lui répond Nasreddine ; car en vérité, moi, je ne suis pas invité ; c’est mon manteau qui est invité.
Dans les histoires de Nasreddine , il y a souvent des morales, comme c’est le cas pour la dernière histoire, dont la morale est toujours d’actualité qui est : « l’apparence compte plus pour la société que la personne elle-même ».