L’interrogatoire

Mon père me raconta une histoire lorsque j’étais jeune, qui me marqua profondément.

Du temps ou mon père avait cinq ans, il vivait en Algérie : plus précisément à Trouna, un village en Kabylie. Ce village était petit, peu peuplé, la majorité de ses habitants vivaient de l’agriculture.

Lui, ses grands-parents et ses deux cousins allaient souvent aux champs, au sommet de la colline, faire pâturer leur brebis et son petit.

Un jour, sur le chemin du retour, ils croisèrent l’armée de Ben Bella.

Ben Bella était le premier président à avoir obtenu de force le pouvoir en Algérie après la guerre d’Indépendance en 1962.

Cette armée interpella ma famille et lui demanda s’il elle n’avait pas vu Boulila : un révolutionnaire qui était contre le régime, un fugitif recherché.

L’armée arrêta le grand-père, sous les cris d’effrois de sa femme ; quant à mon père et ses cousins effrayés, ils prirent la fuite.

Le grand-père fut alors emmené, sur une colline lointaine, où on l’assomma de questions sur cet homme qui avait disparu, sans laisser de traces.

Sa femme, mon père et ses deux cousins étaient revenus chez eux, morts d’inquiétude, se posant mille et unes questions sur cette arrestation soudaine. Ils clamèrent l’innocence du grand-père, ne sachant pas ce pour quoi il était accusé.

Après un long moment, qui parut une éternité, il revint.

La joie et la bonne humeur reprirent place au sein du foyer.

Des années plus tard, mon père grandit et comprit mieux ce qu’il avait vécu.

Dans mon enfance, il me fit don de cette histoire, qui me fit voyager mais que je ne saisis pas totalement.

A présent, m’en voilà capable, et je m’assurerai de ne pas être a dernière à la recevoir.

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