Guerre d’héritage
Mes arrières-arrières-grands-parents rêvaient d’avoir un garçon mais malheureusement pour eux, c’est à deux filles qu’ils donnèrent naissance. La cadette, mon arrière-grand-mère, Lucienne ne reçut pas d’amour de ses parents. Elle partit en Indochine très jeune et rencontra son mari, Henri, sur le bateau. Quand elle revint en France avec un fils, Jean, ses parents firent tout leur possible pour l’empêcher de le ramener en Indochine en lui disant qu’il ne survivrait pas là-bas car il avait une santé fragile. Elle obtempéra à contrecœur. Elle eut ensuite une fille, Hélène, ma grand-mère.
Jean épousa une amie d’enfance de ma grand-mère nommée Muguette Fortuné. Mais celle-ci se révéla être une femme avide d’argent qui le manipulait totalement. Lorsqu’Henri mourut prématurément, elle poussa son mari à réclamer immédiatement sa part de la maison familiale et comme tout cela n’allait pas assez vite à son gout, elle le poussa à porter l’affaire devant les tribunaux. En rentrant un jour chez elles, Lucienne et Hélène trouvèrent des scellés sur les portes de la maison.
Ensuite les deux époux réclamèrent une grande partie des propriétés immobilières de mes arrière-arrière-grands-parents qui acceptèrent très facilement. Pour empêcher Lucienne et Hélène de protester ils organisèrent une fausse vente devant un notaire. Ainsi ils s’installèrent avec les parents de Muguette dans la grande maison familiale où mon arrière-grand-mère et ma grand-mère avaient passé une majeure partie de leur enfance, ils prirent leurs chambres, refusèrent de leur rendre leurs affaires y compris le piano de ma grand-mère, alors qu’aucun d’entre eux ne savait en jouer, par pure mesquinerie.
Mon arrière-grand-mère a légué tout ce qu’il lui restait de terrain à ma grand-mère. Mon arrière-arrière-grand-père a appelé sa fille auprès de lui alors qu’il craignait de mourir. Là, il lui a raconté que Muguette leur avait demandé de revoir le chèque qu’elle leur avait donné pour la vente et qu’elle ne le leur avait jamais rendu. Je pense qu’il a dit cela simplement pour se faire pardonner par sa fille.
Mon arrière-grand-mère s’est réconciliée avec son fils seulement quelques années avant sa mort, bien après la mort de Muguette.
