L’ami des lames
Il s‘agit d’une histoire que mon arrière-grand-mère racontait régulièrement dans les repas de famille.
A l’époque, ils habitaient à Chambéry et tenaient un magasin de couteaux et de parapluies dans le quartier de la gare.
Au printemps 44, les Américains bombardaient la gare de Chambéry pour détruire les moyens ferroviaires des Allemands. Le quartier était devenu dangereux, d’autant plus qu’elle était enceinte de ma grand-mère.
Ils furent alors hébergés par la famille Opinel (les fameux couteaux !) qui habitaient à Cognin sur les hauteurs de Chambéry. De fournisseur, Marcel Opinel était devenu un ami de la famille.
Mon arrière-grand-mère était très fière de raconter qu’elle faisait les aller-retours à vélo enceinte. Elle disait que son gros ventre lui servait de laisser-passer pour les Allemands car ce n’était pas loin de l’hôpital.
Elle racontait aussi que pendant les alertes des bombardements, ils allaient se protéger dans les abris qui avaient été construits sous le Clos-Savoiroux, un parc de Chambéry, et là encore, son gros ventre lui servait pour entrer en priorité.
Ma grand-mère est née le 29 septembre 1944, ce fut la fin de son laisser-passer visuel et presque celle de la guerre.
Mes grands-parents sont restés très proches de Marcel Opinel qui les avaient beaucoup aidés pendant la guerre, et ma mère a eu la chance le rencontrer quand elle était petite et de passer ses mercredis à la coutellerie.