Départ précipité

J’ai passé mon enfance en Centrafrique. Nous étions partis là-bas avec ma famille car mon père avait postulé pour enseigner à des enfants de Bangui avec quelques amis.

J’étais trop petite pour bien m’en souvenir, mais je sais que tout le monde était souriant et amical.

Mais, quand j’avais cinq ans, une partie de l’armée soutenue par des rebelles du Tchad s’est soulevée et a tenté de prendre le pouvoir. Ils étaient en colère car le président ne les payait pas et ils se sont mis à persécuter la population et à piller les maisons.

Mon père était rentré en France en raison d’un séminaire, alors nous étions seules à la maison avec mes sœurs et ma mère.

Notre quartier était au milieu des tirs alors nous nous sommes cachées dans un coin du salon et nous n’avons pas bougé pendant cinq jours.  

L’Etat a fait appel à des milices pour repousser les rebelles, mais après avoir réussi, ils se sont mis à s’en prendre aux maisons car ils voulaient « s’amuser » avant de rentrer chez eux. Ils ont fini par frapper à notre porte une fin d’après-midi. Ils ont crié pour nous forcer à ouvrir et comme ma mère refusait, ils ont enfoncé la porte.

Ils nous ont tout volés et comme ils étaient satisfaits, ils nous ont aidés en nous accompagnant chez un voisin pour dormir à l’abri. Je me souviens que sur le chemin, un homme m’a prise sur son dos car je n’avais pas pu mettre mes chaussures et c’est là que je me suis rendue compte que nous quittions la maison sans rien.

Le lendemain, l’armée française est venue nous évacuer à l’ambassade de France avant de prendre un avion pour la base militaire française de Libreville au Gabon. Nous sommes restés quelques jours dans la caserne avec les militaires et au bout de quelques semaines, comme la situation ne s’améliorait pas en Centrafrique, un vol a été organisé pour notre retour en France.

Nous parlons encore beaucoup de cette histoire avec ma famille car on pensait qu’on vivrait là-bas jusqu’à ce que l’on vieillisse, et c’est arrivé tout d’un coup et nous avons dû partir si vite, laissant nos amis. Mais nous avons toujours énormément de bons souvenirs et nous aimerions revenir visiter un jour.

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