Quand on veut…

L’histoire que je veux raconter n’est pas réellement une histoire que j’ai entendue tant de fois mais plus une histoire qui me rappelle d’où ma famille vient et me rend fière d’en faire partie.

Cette histoire commence quand mon arrière-grand-mère était enfant et vivait avec sa petite sœur, son père et sa mère. Sa mère mourut quand elle était jeune et son père se remaria. Sa belle-mère avait une fille elle aussi, mais détestait mon arrière-grand-mère et sa sœur.

Rapidement, sa belle-mère fit en sorte qu’elle ne soit pas un problème et l’envoya avec sa sœur auprès des religieuses trois fois par semaine afin qu’elle puisse en toute tranquillité sortir avec son mari et sa fille.

Mais il semble que ce ne fut pas assez pour elle puisqu’elle alla même jusqu’à convaincre son mari de chasser sa fille de la maison. Mon arrière-grand-mère n’avait que 15 ans, 35 francs en poche et nulle part où aller.

Elle vécut pendant un temps dans une pension de famille grâce aux relations de Sœur Louise qui avait eu vent de cette histoire et avait décidé de l’aider. Le loyer était de 125 francs par mois et offrait un confort spartiate. En effet elle vivait dans une petite pièce avec quatre autres personnes. Et à cette époque, elle n’avait pas de travail mais, encore une fois grâce aux sœurs, elle trouva un emploie dans un laboratoire de produits chimiques, au conditionnement des médicaments.

En 1924, elle quitta cette pension de famille pour une autre qui offrait une meilleure nourriture et un espace individuel. Pendant ce temps, elle prit également des cours de comptabilité, moins chers que les cours de secrétariat, chez Pigier. Elle travaillait 48 heures par semaines et arrivait quand même à trouver le temps de prendre des cours particuliers. Et ce n’était pas donné, 22 francs de l’heure.

Elle rencontra son mari, François un jour qu’elle voyait sa sœur et des amis à elle. Ils se marièrent le 29 mars 1930 et commencèrent leur vie à deux.

Elle quitta son travail au laboratoire et commença a travailler aux Galeries Lafayette.

Puis en 1935, le 20 février, après cinq ans d’une vie heureuse, leur fille Françoise naquit. Les congés parentaux n’existant pas et, les deux parents travaillant, ils durent confier Françoise à une nourrice à Chaville alors qu’elle n’avait qu’un mois. Mon arrière-grand-mère était effondrée. Ils allaient la voir chaque semaine, et chaque semaine, la séparation était difficile.

En 1938 la terrible maladie de son mari commença. Au début, il continua à travailler et il n’allait pas si mal.

Après, ce fut la guerre et ils furent tous les trois séparés. Mon arrière-grand-mère aux Galeries, mon arrière-grand-père à l’hôpital et ma grand-mère, à Fontenay chez sa nouvelle nourrice. Il était trop tard quand on découvrit que mon arrière-grand-père avait la tuberculose. Il fut opéré plusieurs fois, sans succès, et mon arrière grand-mère pris grand soin de lui jusqu’à la fin tout en continuant à travailler et sans être malade elle-même. Elle lui fit ses piqûres et lui donna tout ce dont il avait besoin. Il mourut en 1944.

Françoise vécut pendant un temps chez on parrain et sa marraine car se fut une dure période pour mon arrière-grand-mère. Elle avait perdu un ami, une personne facile à vivre, qui prenait soin d’elle…

Elle y resta trois ans. Puis, mon arrière-grand-mère trouvant qu’elle ne donnait pas la meilleure d’elle-même là-bas la mit en pension. Puis, elle fit HEC Jeunes Filles et finit première de sa promotion sur plus de 120 élèves.

Enfin, mon arrière-grand-mère âgée de 65 ans, prit sa retraite. Elle finit comme fondée de pouvoir, ce qui était un travail important et bien payé. Elle finit ses jours à 92 ans, riche et respectée, alors qu’elle était partie de rien. J’aime beaucoup cette histoire car bien que ce ne soit pas une histoire joyeuse, c’est une preuve que même si la vie est semée d’embûches, on peut réussir si on le veut vraiment.

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