Une famille sans histoire

Je n’ai pas d’histoire de famille. J’ai beau chercher, je ne trouve pas.

J’ai demandé à mes parents, à mes grand parents, mes tantes, mes oncles, mes cousins ; rien ne vient. Il y a bien quelques souvenirs, par ci, par-là, qui reviennent une ou deux fois, mais pas d’histoire qui se raconte d’année en année, pas d’histoire que nous connaissons tous.

En outre, je ne vois pas si souvent que ça ma famille.

Côté paternel, ils habitent dans le Nord, et on ne leur rend quasiment jamais visite, mis à part une tante et mes grands-parents qui sont en région parisienne. Côté maternel, ils habitent en Limousin, et lorsqu’on y va, on voit surtout la famille proche, si bien que j’ignore une grande partie de mon arbre généalogique.

Quant aux souvenirs, ce sont simplement de bons moments, mais aucun n’est ressassé en permanence, si bien qu’il n’y a pas d’histoire en particulier, pas de fait réellement propre à la famille. Quand on se voit, on en profite pour s’amuser, on ne revient pas souvent sur le passé. Lorsque j’ai demandé une idée à ma famille, mon grand-père nous a quand même raconté un souvenir qu’il avait de la 2nde Guerre Mondiale, dont il parle très peu.

C’était à la fin de la guerre, en 44, et il avait 11 ans. Il habitait à Saint-Victurnien à cette époque et l’horreur était passée deux semaines auparavant à Oradour sur Glane, marquant tous les esprits. On avait annoncé l’arrivée imminente des Allemands, des Boches, comme ils les appelaient. Le village fut évacué, mais son père refusa de partir et, craignant d’éventuels pillages, il resta chez lui. Heureusement, c’était une fausse alerte, et rien ne se produisit.

Il a aussi évoqué les maquisards, qui testaient les armes dans la forêt, et en plaisantant, s’est demandé comment les allemands n’arrivaient pas à les retrouver, alors que tous les enfants du village les entendaient et savaient où ils se trouvaient. Les gens savaient se montrer très discrets et encore aujourd’hui, peu en parlent, et peu connaissent le vrai rôle de chacun, ceux qui ont aidé les résistants ne s’en vantent pas, restant dans l’ombre.

Bref, j’ai une famille sans histoire.

Maurine

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