Le fantôme de Bab el Oued

Il y a quatre ans, mon grand-père, Maurice, décéda.

Avant sa mort, il avait écrit un livre sur ses souvenirs d’enfance à Alger.

J’ai lu ce livre et je l’ai trouvé très émouvant. Il parle des évènements les plus marquants de sa vie.

L’un d’entre eux m’a marqué.

En 1944, mon grand-père avait environ 13 ans. Il était à l’école, et puisque c’était une journée particulièrement chaude, l’école avait autorisé les élèves à sortir un peu plus tôt.

L’un des camarades de Maurice, surnommé Guez, était tellement excité qu’il proposa à mon grand-père de faire la course jusqu’à la rue Bab El Oued. Il accepta et commença à courir aussi vite qu’il le pouvait. Mais son camarade allait beaucoup plus vite que lui et Maurice ne parvint pas à le rattraper. Essoufflé, il s’arrêta et jeta l’éponge. Guez continua sa course et arriva au carrefour qui menait à la rue Bab El Oued. Un camion de la Royal Navy arriva subitement et le percuta. Témoin impuissant de l’incident, mon grand-père fut terrifié et rentra chez lui. Il était persuadé que Guez était mort et toute sa vie il ne put oublier ce jour…

J’ai passé mes vacances chez ma grand-mère, qui vit désormais seule. Le soir de Noël, nous avons reparlé de cette histoire et elle m’a appris qu’elle avait rencontré Guez, deux ans auparavant. Il était en bonne santé et avait gardé seulement quelques cicatrices de l’accident. Quand ma grand-mère l’a vu, elle s’est sentie soulagée et a pensé très fort à son mari.

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