Partie de chasse
Chaque fois que je vais chez mes grands-parents avec ma famille, c’est la même chose. Au dîner, mon grand-père se sent obligé de raconter son incroyable histoire sur la première fois qu’il est allé à la chasse avec son père, c’est-à-dire mon arrière-grand-père. Au bout de quelques années, on pourrait s’en passer mais peu importe…
C’était un beau jour, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, et la mère criait. Elle était évidemment en colère contre son mari qui ne voulait emmener leur fils, mon grand-père, à la chasse. Il désirait lui montrer son talent de chasseur, l’instinct animal qui régnait en lui. C’était la première fois qu’il souhaitait l’emmener avec lui, car il jugeait que c’était le bon moment, il pensait que c’était pour son fils l’occasion de voir ce qu’était la vraie valeur de la vie. C’était un peu cruel et paradoxal en même temps, puisque la valeur de la vie était plutôt la valeur de la mort, les animaux en l’occurrence allaient être chassés et tués pour servir de nourriture à l’homme qui en avait besoin pour survivre, grand prédateur qu’il était. La mère était donc contre cela, mais devant la détermination, le regard farouche de son mari, elle abandonna. C’est ainsi que leur voyage débuta.
Le père prit son fusil de chasse, et accompagné du chien et de son fils, il se dirigea vers les champs, puis vers la forêt.
Potentiellement, cela aurait pu être une très belle journée pour les deux hommes, mais tout ne se passa pas réellement comme prévu.
On pouvait considérer le père comme un chasseur aux méthodes peu traditionnelles, puisqu’il utilisait principalement des pièges. L’objectif était de rameuter les animaux vers les pièges et ensuite de tirer au fusil ceux qui restaient. Toute la matinée, l’homme et le presque-homme s’affairèrent donc à poser des pièges dans la forêt.
L’enfant était quelque peu déçu, il imaginait la chasse plus excitante. Il n’imaginait alors pas que ce qui allait se produire allait être tout sauf ennuyeux. Une fois les préparatifs terminés, ils attendirent que les animaux viennent vers eux.
C’est alors que soudainement, comme pris d’hystérie, le chien partit à toute allure.
Le garçon, dans un généreux élan de stupidité totale courut après lui, au-devant des animaux rabattus.
Je pense être parfaitement incapable de décrire la sauvage étrangeté du cri que poussa mon grand-père, puisqu’il ne le peut lui-même, quand il se retrouva propulsé en haut de l’arbre, piégé dans ses propres filets.
Raconter la fin de l’histoire ne me semble pas être nécessaire. Mon grand-père s’en est très bien tiré, avec plus de peur que de mal, et aujourd’hui, cette expérience ne l’empêche pas d’être un très bon chasseur.