Trahison de guerre
En 1939-1940, mon grand-oncle, Marcel, vivait une grande et belle histoire avec sa fiancée, Lucie. Ils attendaient la fin de la guerre pour enfin se marier et avoir des enfants.
Malheureusement, Marcel fut appelé au front et, après de longs et déchirants adieux, il rejoignit ses camarades soldats.
Entre 1940 et 1941, Pétain capitula et l’ensemble des soldats français au front furent faits prisonniers. Marcel fut alors envoyé travailler en Allemagne.
Sa famille l’apprit quelques semaines plus tard, tous étaient pris de panique et inquiets selon ma grand-mère qui n’avait alors que quatorze ans.
Toutes les semaines, Lucie envoyait de longues lettres à Marcel, ils parlaient de leur avenir commun, du nom de leurs enfants, de la maison qu’ils voulaient construire, mais la jeune femme ne pensait pas réellement revoir un jour son fiancé.
Quatre années s’écoulèrent, Marcel travaillait toujours et attendait avec impatience la fin de cette guerre.
Le 8 mai 1945, la victoire fut annoncée par le gouvernement français. Puis, de grandes vagues de soldats furent libérées.
En juin de la même année, le tour de Marcel vint. Après un long et épuisant voyage, il retrouva avec plaisir son petit village des Pyrénées.
Ses parents et son frère et sa sœur l’accueillirent à l’arrêt de bus.
« Tous souriaient et s’amusaient de nouveau ce jour là » selon ma grand-mère.
Marcel apprécia le repas préparé consciencieusement par sa mère et passa un bon moment. Puis fatigué, il se coucha songeant à ses retrouvailles avec Lucie le lendemain.
Pendant le petit-déjeuner, les cloches de l’église sonnèrent. Marcel demanda quel baptême était célébré. Après cette question anodine pourtant, toute la famille baissa les yeux sauf la maitresse de maison :
« C’est celui du fils de Jean.
Ah ! Il est marié ? » s’étonna Marcel
« Oui, avec… euh… Lucie »
Tout le monde se souviendra alors des yeux de Marcel se remplissant de larmes et de sa gorge serrée.