Un berger allemand bien français

Chaque famille a son histoire tantôt joyeuse, tantôt grave ; la mienne mêle les deux. Je la tiens de mon père qui la tient lui-même de sa grand-mère. Cela se déroula pendant l’occupation allemande de 1940-1945 en Bretagne.

Mon arrière-grand-mère paternelle possédait alors un superbe berger allemand alliant ruse et beauté. Il avait pour habitude de se balader seul sans sa maîtresse dans les rues de Fougères, où ce chien était assez connu.

Seulement les lois appliquées par les Allemands interdisaient aux propriétaires de chiens de les laisser vagabonder sans surveillance, et surtout lorsqu’il s’agissait d’un chien de garde comme le berger allemand.

Et pendant une de ses balades le chien fut repéré par des soldats allemands qui décidèrent alors de le capturer et quittèrent donc leur poste pour le poursuivre. Mais ce chien étant doué d’une grande intelligence ne se laissa pas attraper bêtement et connaissant parfaitement les rues du quartier, il commença à promener les Allemands qui l’avaient pris en chasse. Et pendant plus d’une heure la poursuite continua pour finir dans l’escalier de la maison de mon arrière-grand-mère où se trouvait sa niche.

Alors les allemands allèrent dans la boutique de mon arrière-grand-mère pour lui dire que son chien avait été surpris en plein vagabondage et donc avait enfreint la loi. Mais pendant ce temps le chien s’était couché sur sa couverture et faisait semblant de dormir.

Mon arrière grand –mère montra alors la niche aux Allemands avec le chien dormant sur sa couverture ou du moins le faisait-il croire. Ils ne purent prouver sa faute et s’en allèrent en jurant entre leurs dents.