Le sale air de la peur

Après un séjour en Egypte, ma sœur, ma mère et moi décidâmes de rentrer à Paris en passant par Athènes.

En descendant du premier avion, trois bus attendaient les passagers afin de les amener jusqu’à l’aéroport. Un homme en costume appela de vive voix notre nom et nous redirigea vers le troisième bus à l’écart des autres passagers. A l’intérieur, trois hommes armés nous expliquèrent qu’ils avaient reçu l’ordre de contrôler tous les bagages en raison d’une forte probabilité d’attentat à la bombe. Une de nos valises, trop lourde et trop remplie pour sa taille avait été déclarée suspecte.

Le visage de ma mère était décontracté et ma sœur avait l’air curieux et amusé.

Notre bus privé s’arrêta devant un bâtiment, près de l’aéroport, où se tenaient à l’entrée, les bras croisés et le regard dur, deux baraqués en costume. Nous entrâmes, accompagné d’un des deux gardes, dans un hangar où était placée, en plein milieu, notre petite valise.

Arriva un homme malingre qui nous demanda l’un après l’autre notre identité.

L’air angoissé il se plaça devant le bagage et enfila lentement et soigneusement des gants en latex. Le visage de plus en plus apeuré, il nous ordonna de nous écarter pendant qu’il procédait au « déminage ».

Il entreprit alors d’ouvrir minutieusement la valise ; nous jetant un dernier regard d’accusation, fermant les yeux, il fit un geste net accompagné d’un déclic. Lorsqu’il rouvrit les yeux, nous éclations de rire.

La lourde valise contenait des mangues fraîches, que ma mère avait décidé d’apporter en France. A la fois embarrassé et en colère, le petit homme nous fit toutes ses excuses.

Quant à ma mère, elle ne rapporta plus aucun fruit de ses voyages.

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