Une force de la nature
Mon arrière-grand-père vivait en Afrique. Son fils (donc mon grand-père) nous a dit qu’il était exceptionnel : c’était une force de la nature. En effet, il n’a jamais eu besoin, tout au long de sa longue vie mouvementée, d’aller chez le dentiste : il n’en a jamais vu un seul de toute sa vie. Mon grand-père raconte qu’il était capable de soulever une table, rien qu’avec sa mâchoire, la table entre ses dents.
Né en 1880, il fit la guerre des tranchées de 1914 – 1918 d’où il sortit sain et sauf, mais avec les pieds gelés. Cela ne l’empêcha pas, une fois la guerre terminée, de se marier à l’âge de 40 ans, et d’avoir 6 enfants. Une autre fois, alors qu’il faisait des travaux sur le toit de sa maison, il tomba et se blessa à la tête. Le médecin y plaça des agrafes, mais mon arrière-grand-père n’était pas habitué à voir les médecins et par nature ne les aimait pas tellement. Il arracha avec dédain ces agrafes en disant « je n’en ai pas besoin ».
Le jour où mon père et mon grand-père quittèrent la maison familiale, en Afrique, pour aller vivre en France, mon arrière-grand-père, cet homme robuste et fier, dit avec la larme à l’œil : «je ne reverrai plus mon petit-fils, je suis trop vieux maintenant ».
Trois ans après, à l’âge de 80 ans, le passé ressurgit : ses gelures de la guerre de 1914 – 1918 finirent par avoir raison de lui. Il eut une gangrène aux pieds, et dût être amputé. L’opération chirurgicale fut un succès, mais malheureusement, son cœur céda. Ce fut la seule et unique fois où cet homme admirable eut un problème de santé.