Soutien de famille
Le 25 décembre, quand les douze coups de midi retentissent, pas besoin de sonner pour qu’on nous ouvre la porte. Des personnes que l’on n’avait pas vues depuis 2 ans nous font la bise et discute avec nous comme si de rien n’était. Comme sauvés, on annonce l’ouverture des cadeaux sur lesquels une petite foule d’enfants se jettent. On peut alors voir les différentes émotions passer sur leurs visages comme la surprise, la déception qu’ils essaient de camoufler ou bien la joie.
Vient ensuite le repas. C’est à cet instant qu’on a le droit à ce qui ressemble à un interrogatoire. Les mêmes questions affluent dans tous les sens chaque année : Est-ce qu’on a été sage ? Est ce qu’on est en couple ? Mais surtout est ce qu’on travaille bien à l’école ?
A chaque fois que cette question est posée un silence s’installe et tous les enfants se regardent. Que l’on réponde oui ou non, on sait tous que l’on aura le droit à cette triste histoire. Celle de notre arrière-grand-père Jean. Le pauvre, quand il était jeune, il avait perdu sa mère dont il était proche. Son père les avait alors abandonnés petit à petit en refaisant sa vie sans eux. Les enfants ont donc dû apprendre à se débrouiller seuls. Avoir de telles responsabilités lorsqu’on est enfant est tout sauf simple. Jean se privait de repas pour ses frères, il lui fallait trouver une solution pour gagner plus d’argent. Comme il travaillait bien à l’école, il a pu accéder aux seules études rémunérées de l’époque : celles lui permettant de devenir enseignant. Il put alors aider sa famille grâce à ses études.
A travers cette histoire, les adultes nous rappellent l’importance de bien travailler chaque année, pour nous assurer un avenir stable… et nous nous contentons d’acquiescer, avec un pincement au cœur, avant de repartir vers d’autres conversations tout en sachant que l’année prochaine, l’histoire se répétera.