Les canons et les bombes

Mes grands-parents tenaient un café-tabac place Jeanne Hachette à Beauvais, avant et pendant la deuxième guerre mondiale. La statue de Jeanne, qui se trouvait au beau milieu de la place, avait d’ailleurs été déposée au début des hostilités pour la protéger. Il faut dire que la ville n’a pas cessé d’être bombardée, d’abord par les Allemands et ensuite par les Alliés. C’était une zone stratégique à cause de la base que les Allemands avaient construite sur l’aérodrome de la ville.

En 1942 ou 43, comme mon père était prisonnier et que ma mère travaillait, c’était ma grand-mère qui me gardait. Je devais avoir deux ou trois ans à l’époque, je me promenais entre les tables du café et j’en profitais pour finir les verres que les clients avaient laissés. C’était juste un peu de vin rouge, mais ma grand-mère s’en est aperçu et m’a grondé très fort. Ensuite elle gardait toujours un œil sur moi.

L’expérience avait dû me plaire parce que, à dix-douze ans, j’avais un petit chien et je lui ai fait goûter du vin rouge à lui aussi. Eh bien, ça lui a beaucoup plu.

Ce qui est moins drôle, c’est que j’ai tellement eu peur pendant les bombardements que, chaque fois que j’entends des bruits secs ou, pire encore, le bruit d’un feu d’artifice, je suis prise de tremblements. Je me souviens que pour le bicentenaire de la Révolution en 1989, le maire en avait organisé un dans le parc de Bécon. Je me suis mise à trembler violemment. Il m’était impossible de me contrôler.

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