Maîtres artisans

Ma mère travaillait à la maison Chevalier sur le boulevard de la Mission Marchand. Elle restaurait des tapis des Gobelins ou d’Aubusson. J’allais lui rendre visite à l’atelier quand j’étais petite. C’était drôlement impressionnant. Elle travaillait avec des lumières basses sur de métiers à tisser qui me faisaient penser à deux troncs d’arbre. C’était au bout de la rue Gautier, on tournait à droite et quelques mètres plus loin, c’était Chevallier. Jacques Chirac leur avait donné une tapisserie à restaurer et comme il n’était pas complètement satisfait du résultat, ils avaient dû recommencer. Ils avaient des tapisseries parfois dans un sale état et il fallait savoir dessiner pour reconstituer le carton de départ.

En revanche, à la maison, ma mère détestait coudre et c’était mon père qui se chargeait des travaux de couture. Il avait été prisonnier pendant la guerre en Allemagne, et il avait pris l’habitude.

Quant à ma sœur, elle, était « petite main » chez Worth, la grande maison de haute couture.

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