Le théâtre des oiseaux
Au cours des années 70, mes parents qui avaient des conceptions un peu « hippies » de l’éducation m’envoyaient passer six mois de l’année à la campagne chez mes grands-parents. Ils habitaient dans un coin merveilleux à côté de Masquières dans le Lot où ils avaient rénové une vieille ferme et dans leur lieu-dit, à Char, précisément. Pas une voiture ne passait par là.
Mon grand-père était un ancien de la marine marchande et c’est peut-être pour ça qu’il était assez solitaire. Il avait acheté tous les bois autour pour être tranquille et c’était vraiment notre royaume.
Je suis partie là-bas de l’âge de trois mois jusqu’à mes huit ans. Ma chambre se trouvait dans la graineterie, c’est-à-dire là où on entreposait le grain jadis.
Mes grands-parents avaient leur chambre au-dessus. Ma grand-mère qui me savait seule en bas s’inquiétait énormément pour moi et toutes les nuits vers quatre ou cinq heures du matin, elle descendait pour vérifier que tout se passait bien dans ma chambre. Contrairement à elle, j’avais un très bon sommeil et je ne me suis jamais inquiétée.
Bien plus tard, elle m’a raconté ses descentes nocturnes et surtout, elle m’a appris que grâce à moi, elle avait découvert le chant du rouge-gorge et du rossignol, des oiseaux qui étaient aussi matinaux qu’elle.
Quand j’ai monté une compagnie de théâtre, je l’ai appelée la Compagnie du Rouge-Gorge en souvenir de cette histoire.