L’inconnu du train de Lisieux

L’histoire commence le 25 décembre 1989. J’avais 35 ans. Ce jour-là Noël tombait un dimanche. Je venais de passer le week-end en famille en Normandie et j’étais dans le train, sur le chemin du retour. Sur la ligne Lisieux-Paris. Noël était fini et j’avais le blues du dimanche soir.

Un jeune homme brun aux yeux bien noirs s’est installé à côté de moi avec un grand sourire. Il était

Je venais de passer un mois à Bali. C’était la première fois que je partais seule à l’autre bout de la terre. Un voyage merveilleux. Je venais d’avoir les tirages papier. J’ai sorti mon album et commencé à ranger mes photos. Le jeune homme s’est mis à me poser des questions. Lui aussi adorait voyager. Il revenait de Berlin, il était journaliste. Et le voyage en train s’est passé comme ça. Une belle étincelle tout de suite.

On sort du train, on se suit plus ou moins, puis on se dit au revoir avec un grand sourire. Je n’osais rien dire de plus, on était là avec nos valises, nos gros paquets et du monde partout. On s’est quittés Gare Saint-Lazare. En prenant le chemin du métro, je suis retombée sur lui, mais pile poil, tête à tête, nez à nez, il était en train de faire la queue pour prendre un ticket. Je lui en ai proposé un, il m’a remercié et m’a demandé « combien je vous dois ? » je lui ai répondu « rien du tout » et du coup il m’a donné sa carte de visite.

Je lui ai envoyé un petit mot pour la bonne année. Et quelques jours plus tard il m’a proposé de diner avec lui. A partir de ce soir-là, c’est une grande histoire d’amour qui a commencé. J’avais 35 ans et lui 29. Très rapidement il est venu vivre chez moi. On ne s’est jamais mariés mais nous avons eu un enfant.

Quand on s’est rencontrés, j’étais une célibataire endurcie. J’avais vécu une histoire douloureuse, et je n’avais vraiment pas envie de rencontrer qui que ce soit. Les hommes à ce moment-là c’était… Et surtout j’y croyais plus du tout. Je me suis laissé porter en fait, je me suis laissée porter totalement.

C’était la première fois que quelqu’un m’écoutait vraiment et admirait ce que je faisais. On avait un langage commun, c’est certain.

Comme quoi, il ne faut jamais se dire que ça se fera plus, que l’amour c’est fini.

En tout cas cette histoire-là restera ma plus belle histoire d’amour.

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