Miracle à Damas
Je voulais raconter une anecdote de Noël mais la famille de ma mère (c’est-à-dire ma famille française catholique) est trop calme et n’a vécu aucune histoire originale et inhabituelle, ce qui va peut-être intéresser des personnes ! J’ai par ailleurs décidé de me focaliser sur la famille de mon père, qui a connu des histoires plus folles. Même s’ils ne célèbrent pas Noël, j’ai pas mal de choses à dire sur le mois du Ramadan. Je veux dire que mon anecdote de Noël en est devenue une du Ramadan.
Il y a quelques années, ma sœur et moi faisions les magasins dans un centre commercial à Damas avec huit membres de ma famille, afin d’acheter des habits pour l’Aïd. Après des heures et des heures de marche d’un magasin à un autre, nous sommes sortis du centre commercial en portant énormément de sacs lourds. Nous avons passé vingt minutes à essayer d’obtenir un taxi – car quand les Syriens ont la possibilité de manger au bout d’une journée de jeûne, trouver un taxi vide dans les rues damascènes devient un réel défi, quand un taxi s’est arrêté.
Une de mes tantes négocia avec le chauffeur pour tous nous laisser monter dans une voiture de cinq places. Et la cerise sur le gâteau est que mes trois tantes sont assez rondes et ma cousine était enceinte et sur le point d’accoucher ! Nous nous sommes débrouillés ! La tante la plus ronde s’est assise sur la place du devant avec ma sœur sur ses genoux et mon jeune cousin debout face à elle, dos au pare-brise. Mes deux autres tantes et ma cousine enceinte se sont serrées derrière. Mes deux autres cousines et moi sommes allées sur leurs genoux.
Nous avons avancé lentement dans cette ville très polluée, au milieu de l’été et avons lutté pour respirer. Pourtant ma tante assise au-devant n’arrêtait pas de remercier et louer le chauffeur. Heureusement nous avons survécu et n’avons rencontré aucun policier : ils devaient sûrement être en train de manger !