Sous les bombes
C’est le 16 novembre 1942 : ma grand-mère accouche de son premier enfant, elle a 19 ans. Cet enfant verra le jour sous les bombardements. Les Anglais bombardent la ville de Lorient pour empêcher les Allemands de poursuivre la construction de leur base navale. Cela fait plusieurs mois que ces bombardements durent. Deux mois plus tard, la ville sera totalement détruite, c’est l’évacuation. Les trains sont remplis, ma grand-mère manque de perdre son fils dans la foule, elle doit en plus veiller sur ses deux sœurs dont elle a la responsabilité. Elles arrivent à se faufiler dans le train, son mari et son fils doivent passer par la vitre du wagon. Le convoi les amène à Pluvigner à cinquante kilomètres de Lorient ; elles y resteront quatre ans, le petit grandira en temps de guerre. Son mari était résistant, recherché par la Gestapo, il tombe malade et meurt le 1er avril 1945, ne pouvant fêter ni même apprendre la victoire des alliés. Ma grand-mère aurait donné beaucoup pour qu’il puisse vivre ce moment. Aujourd’hui encore, j’ai ressenti beaucoup d’émotion dans sa voix lorsqu’elle m’en a parlé. Du haut de ses 82 ans, elle revoit encore ces moments douloureux.