Le banni
Mon grand-oncle, nous n’avions pas le droit d’en parler, il menait une vie que toute la famille (une famille d’instituteurs) condamnait ou essayait d’ignorer. Ses deux frères, l’un d’eux était mon grand-père, évoquaient parfois son nom quand ils avaient eu l’obligation de le rencontrer lorsqu’il avait « encore fait des siennes ». Je l’ai vu une fois lors de ma communion. Il devait avoir passé la soixantaine, il était très apprêté, très maniéré, portait des bijoux. Bien sûr, nous n’avons jamais vu son compagnon. Chez nous comme chez beaucoup d’autres à l’époque, l’homosexualité était un vrai tabou.