Les amants corses
Dans mon village de Haute Corse au moment de la Libération de l’île en 1943, le notaire fut accusé par des jeunes du village voisin d’avoir collaboré avec l’occupant. Ils se rendirent armés, pénétrèrent dans sa le parc de sa grande propriété et s’arrêtèrent devant le perron de sa maison en exigeant qu’il vienne rendre des comptes. Il descendit avec sa femme et ses deux petites filles de neuf et douze ans. Dans le face à face qui s’ensuivit, le ton monta rapidement et un des jeunes tira sur le notable. Sa femme voulut le protéger et les deux époux furent tués sur le coup. L’oncle sortit à ce moment-là de la maison et tua à son tour le meneur du groupe.
Ce dernier connut une gloire posthume puisque la place de son village porte aujourd’hui son nom.
Dans ce commando improvisé figurait un garçon de seize ans qui, quelques années plus tard tomba amoureux de la cousine germaine de ma mère, une toute jeune fille.
Pour mon oncle, une telle union était impossible car ils étaient très proches du couple abattu. Sa fille décida alors de s’enfuir dans le village voisin pour épouser l’homme qu’elle aimait et elle fut bannie à pendant des années de sa famille.
Ma grand-mère lui faisait passer en cachette des habits, de l’argent et de la nourriture pour son enfant car ils vivaient très pauvrement. La mémoire de ces événements est encore très vive des années après.