La mémoire d’Angela
C’est l’histoire tragique de la dernière fille de mes arrière-grands-parents paternels.
Leur famille vivait à l’époque dans la campagne portugaise, une campagne qui menait la vie rude à ses habitants, dans un petit village nommé Posada.
Virginia et Roman avaient sept enfants : Gloria, Saô ma grand-mère, Jaime, Fernanda, Isaac, Mario et la petite dernière, Angela.
Dans cette campagne et à cette époque-là, pendant que les parents travaillaient aux champs pour les récoltes, les aînés des enfants étaient chargés de s’occuper des plus jeunes. Ce jour- là, mes arrière-grands-parents étaient partis trimer dans les champs et les enfants étaient restés à la maison qui était chauffée par un feu allumé à même le sol.
Chacun vaquait à ses occupations et la petite, âgée de deux ans, jouait avec sa petite poupée de chiffon. Que s’est-il passé ? Angela avait-elle laissé tomber sa poupée dans le feu et avait-elle voulu la récupérer ? A-t-elle trébuché à ce moment-là ? Elle est tombée dans le feu.
Attirés par ses cris, les aînés se précipitèrent pour la sauver des flammes et l’envelopper d’une couverture et un des frères courut prévenir leurs parents.
De retour chez lui et devant l’urgence de la situation, mon arrière-père, Roman partit, sa petite fille dans les bras, demander de l’aide à la famille la plus riche du village qui possédait une voiture. Il fallait absolument emmener l’enfant à l’hôpital de Porto pour la soigner. Mais, ils refusèrent. Désespéré mon arrière-grand père décida de partir à pied. Après treize heures de marche, arrivé à l’hôpital le médecin qui accueillit père et enfant ne put que constater le décès de la petite. Mon arrière-grand-père fit donc le chemin du retour, la petite toujours dans ses bras afin de l’enterrer au village.
Toute ma famille fut marquée à vie. Et l’histoire de ce drame se transmet depuis lors et il nous est transmis afin que la mémoire de cette toute petite fille continue de vivre.
