L’avion français

Un jour de l’année 1969, la France a pris mon Papa !

Il a fait partie des premiers émigrés embauchés par un organisme qui cherchait de la main d’œuvre pour travailler à l’étranger (en France). Pour ma famille, c’était une grande chance et ma maman faisait beaucoup d’envieuses dans notre quartier de Constantine…

Cela nous a valu un traitement des plus odieux de la part de notre belle famille.

Nous pleurions beaucoup, ma maman, mes trois frères et moi.

Dans le quartier, nous étions « les abandonnés » par le chef de famille et nous étions aux mains et aux crochets, financièrement, de la belle famille qui de base devait nous protéger.

Pour sécher les larmes quotidiennes de ma maman, je lui disais toujours « Un jour, on ira en France, ne t’inquiète pas ».

Un jour de printemps 1974, nous avons été convoqués par mon grand oncle paternel qui ne pouvant plus accepter cette situation et ne voulant plus nous avoir en charge, nous annonça que nous devions nous préparer à partir rejoindre notre père en France. Il avait déjà fait toutes les formalités administratives et acheté les billets d’avion. Nous allions prendre « L’avion français » (plus tard, j’ai compris que c’était la compagnie « Air France »).

J’ai su plus tard que mon Papa n’était pas prêt à nous accueillir mais mon oncle ne lui avait pas laissé le choix… Nous ne l’avions pas vu, nous ne lui avions pas parlé depuis près de cinq ans.

Pendant les préparatifs de départ tout le quartier et la famille sont devenus gentils et envieux et j’avoue ne pas avoir caché une certaine joie et une certaine soif de vengeance sur la vie.

Juillet 1974 : départ de Constantine, ma ville de naissance. Un au revoir à l’Algérie, un au revoir à mes racines, à mes Ancêtres.

Paré de nos plus beaux sourires, de nos plus beaux rêves, de nos plus beaux projets, de nos cœurs et de notre foi, nous nous sommes envolés vers de nouvelles aventures et un monde meilleur.

Un jour de Juillet 1974, je suis partie pour la France…

C’est l’histoire d’une petite fille Algérienne de 8 ans.

C’est l’histoire de ma Maman.