Perdue sous les bombes

C’est une histoire que ma grand-mère nous racontait souvent et qui s’est passée à Angers pendant la seconde guerre mondiale.

Il faut savoir que sa maman ne s’occupait pas vraiment d’elle, donc à partir de ses trois mois elle a été élevée par des parents nourriciers jusqu’à 12 ans. Sa maman la prenait de temps en temps, mais c’était très rare.

En 1940, ils avaient été avertis que les Allemands allaient bombarder la gare d’Angers et ses alentours, or sa maman habitait à côté : Place de l’Académie.

Ce week-end-là, celle-ci avait décidé de prendre sa fille. Son père nourricier ne comprenait pas ce choix étant donné le danger, mais elle insista quand même pour venir la chercher la fillette de sept ans et l’emmener chez elle.

Le jour venu, un samedi de juin à 23 heures, ma grand-mère dormait dans son lit quand elle entendit et vit un avion bombarder, ça ressemblait à une boule de feu dans le ciel. Sa maman vint la voir pour lui dire de venir vite.

          Au lieu de prendre la main de ma grand-mère, elle saisit une valise remplie de papiers et, croyant que ma grand-mère la suivait, elle partit se cacher. Ma grand-mère l’avait perdue de vue et l’appelait en vain. Elle emprunta un boulevard sans savoir où elle allait et croisa un homme qui ramassait ses bonbonnes de vin. Ma grand-mère lui demanda de l’aide mais il répondit qu’il n’avait pas le temps (le lendemain on le retrouva mort, tué par une bombe). Ma grand-mère continua donc de longer le boulevard.

          Elle vit un portail entrouvert et c’est là qu’elle rencontra la coiffeuse ; son salon se trouvait dans le bâtiment où vivait sa mère. Quand elle vit cette petite fille, elle lui demanda où était sa maman et l’enfant répondit « je ne sais pas ». Elle resta donc avec la coiffeuse jusqu’à ce que les bombardements s’arrêtent.

Cette dernière la ramena ensuite chez sa maman. Elles lui demandèrent où elle s’était cachée et elle répondit « dans l’église Saint-Laud ».

La coiffeuse lui dit : « quand on a une petite fille de sept ans, on la prend par la main ».

Le matin, quand son père nourricier constata que les bombes ne tombaient plus, il dit à sa femme qu’il allait chercher ma grand-mère en vélo. Il était très en colère.

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