La fille sans nom
C’est l’histoire d’un homme nommé Jean Mathieu qui vivait avec sa mère. Durant les saisons d’été, il était serveur sur la Côte d’Azur. Le reste de l’année il vivait à Besse, petit village d’Auvergne.
Lorsque la guerre commença, Jean fut appelé à servir son pays.
Il fut fait prisonnier et interné à Budapest en Hongrie. Durant sa captivité, on lui apprit qu’il était devenu père d’une petite fille appelée Francette qu’il avait eue avec une collègue de travail italienne. Celle-ci avait accouché dans la ferme de la mère de Jean à Besse.
Elle n’avait pas reconnu sa fille malgré la demande de la grand-mère et repartit vivre en Italie en abandonnant l’enfant. Lorsque la mère de Jean découvrit que sa petite fille n’était pas reconnue, elle demanda à son fils prisonnier de reconnaître Francette. Jean reçut la lettre et souhaita reconnaître sa fille. Malheureusement, il n’avait droit qu’à un crayon à papier et la mairie n’acceptait qu’une déclaration au stylo plume.
Courant 1944, Jean décida de s’évader avec un ami en traversant le Danube à la nage. Ne sachant pas vraiment nager, Jean mourut noyé. Le plus triste, c’est que le camp de prisonniers fut libéré quinze jours après son évasion. Il fut enterré là-bas et son corps n’a été ramené qu’en 1947 à Besse.
Francette a été élevée par sa grand-mère qui lui a donné beaucoup d’amour. Elle s’est mariée et n’a eu véritablement un nom de famille que ce jour-là. C’est la cousine de ma grand-mère et elle a aujourd’hui 73 ans.