Les nouveaux Français
« Mes parents et moi-même vivions en Algérie depuis toujours. Mes ancêtres y sont enterrés. Je me souviens encore des adultes qui parlaient entre eux. Ça n’allait pas disaient-ils. Et puis, moi je suis trop petit pour comprendre ! Même si, je m’intéresse à tout ça, et que je sens que je suis concerné ».
Le 24 octobre 1870, par le décret Crémieux, alors député, environ 37.000 Juifs d’Algérie passent du statut d’indigènes au statut de citoyens français qui devaient donc faire leur service militaire.
Un siècle plus tard, l’Algérie obtient son indépendance et exige des citoyens français juifs qui pour la plupart ne sont jamais allés en métropole de quitter une terre sur laquelle ils ont toujours vécu. Le marché est simple, prendre sa valise ou bien se faire tuer.
« Mon père a fait la guerre, il a participé au débarquement de Provence en 1944. Ma famille et moi faisons partie de ces nouveaux citoyens français. Je suis français maintenant. Nous sommes en 1961, j’ai 8 ans. Nous sommes arrivés en France, je ne connais pas ce pays. C’est nouveau et ça ne ressemble pas à Constantine. »
Ces nouveaux citoyens furent rejetés à la fois par les Français de souche mais aussi par les autres habitants de l’Algérie qui ne comprenaient pas pourquoi eux aussi ne devenaient pas français.
« J’entends encore mes parents à la préfecture pour les papiers. Les personnes ne sont pas aimables avec nous, et nous demandent même de retourner dans notre pays. Je vois bien que mes parents sont tristes, reconstruire une vie en France, alors que toute leur famille, toute ma famille et mon histoire est à Constantine. C’est un nouveau départ ».
« Les souvenirs qui me restent de cette période ? Des images très violentes. »