Les grands départs
En tant que jeune fille vivant en 2020 en France, je vais à l’école et étudie pour pouvoir m’assurer un avenir stable et prometteur. Mais pour un jeune homme vivant dans les années 60 au Maroc, il fallait envisager d’autres méthodes.
Mon grand-père Mohamed est né dans les années 50 dans la campagne marocaine. Fils de paysans, il vivait très modestement avec ses 5 frères et sœurs. Ses journées se résumaient à aller à l’école coranique et aider ses parents dans les champs. Jeune homme très malin, il savait que ce n’était pas à la campagne où il pourrait faire fortune. Donc, un jour, sans prévenir personne, à l’âge de 15 ans, il décida de quitter sa campagne natale pour tenter sa chance à Casablanca.
Avec le peu d’argent qu’il avait, il put payer un taxi collectif pour d’abord atteindre la ville d’Agadir. Après un long périple sur des routes non goudronnées, mon grand-père atteignit enfin la ville d’Agadir. D’Agadir, il prit un car qui l’amena à sa destination finale.
Enfin arrivé, mon grand-père parvint à trouver de la famille pour se loger. Il fut embauché dans leur boutique de couture pour coudre des kaftans, des djellabas et toutes sortes de tenues traditionnelles marocaines.
C’est aussi à Casablanca qu’il avertit ses parents qu’il ne reviendrait pas. Après avoir mis de l’argent de côté, fait un passeport et passé quatre ans à Casablanca, il décida de quitter la ville pour de nouveaux horizons et cette fois-ci pas question de juste voyager vers une autre ville. Il visait plus haut et plus loin : la France. Et c’est ainsi qu’il prit ces affaires pour partir à nouveau.
Il prit un billet pour Paris. Le billet comprenait le car, la traversée en paquebot et les frais liés au trajet.
Le car alla tout d’abord au port de Tanger pour ensuite prendre un paquebot pour traverser le détroit de Gibraltar et atteindre l’Espagne. En Espagne, le car reprit son trajet terrestre jusqu’à la ville lumière.
Enfin arrivé, il commença tout d’abord par chercher du travail et un hébergement.
Mais une difficulté s’imposa à lui : mon grand-père ne savait pas parler un mot de français. Aujourd’hui, nous prendrions des cours, achèterions des livres ou même téléchargerions des applications pour apprendre une nouvelle langue. Mohamed avait choisi une option complètement différente, être autodidacte. Il écoutait les gens parler dans la rue, à la fenêtre, dans les marchés, … Il réussit à apprendre la langue et c’est comme ça qu’il put être hébergé par une gentille mamie et trouver un petit travail dans la verrerie.
Il resta un petit moment dans cette situation le temps de faire des économies pour pouvoir s’offrir son propre appartement et changer de ville. Un jour, il entendit que l’usine Peugeot recrutait. C’est ainsi qu’il postula et avec ses qualifications en couture, il put obtenir un poste CDI dans la couture des housses de siège. Cela lui permit d’avoir son propre logement, d’obtenir un titre de séjour et il put en finir avec toutes ces aventures.