Ma rue Carle Hébert
J’habitais en haut de la rue Carle Hébert. Nous sommes venues habiter là avec ma mère après la guerre, j’avais seize ans. Quand ma mère a vu qu’il commençait à monter un immeuble en face de chez nous, elle m’a dit « Oh ! il va y avoir des dégâts. Ils sont en train de construire sur une source. » C’était la rue des blanchisseries, alors forcément elles s’étaient installées pas loin d’un point d’eau. Résultat : l’entreprise a dû pomper nuit et jour.
Un grand marché allait de la place Charras à la Défense le long de l’avenue Gambetta. Il y avait un camelot qui disait à ma mère « Viens par là que je te pique ton pognon ! » Un jour, avec une amie, nous sommes allées voir Gina Lollobrigida qui devait descendre les Champs Elysées et on a vu arriver ce gars-là, chargé de fleurs pour elle. On est tous repartis sans la voir, mais on a bien rigolé.
Je me souviens que les militaires de la caserne Charras me disaient bonjour en passant quand j’étais au balcon et l’un d’entre eux venait même me donner l’aubade régulièrement avec sa trompette ! Juste avant un 14 juillet, j’ai croisé des spahis qui étaient stationnés là pour le défilé. Ils étaient tellement beaux avec leurs uniformes. Et puis, la caserne a été détruite.
Je peux dire que j’ai vu le premier accident de voiture du nouveau quartier de La Défense. Un pauvre type revenait chez lui en vélo et plusieurs voitures lui sont passées dessus. Ma mère ne voulait pas que je descende, mais j’y suis allée quand même.
J’ai vu aussi tourner Le Chat avec Gabin et Signoret pas loin de chez moi.
On entendait aussi Michel Delpech chanter. Il habitait à Courbevoie et enregistrait dans le coin. Il y avait aussi le pavillon d’une dame qui s’appelait Lorette, c’est comme ça qu’il a écrit sa chanson.