L’angoisse du résistant
Mon père travaillait dans les chemins de fer. Pendant la dernière guerre, il avait rejoint la résistance. Les réseaux étaient très importants chez les cheminots et il a participé à de nombreuses actions.
Un jour (ma sœur s’en souvient, mais moi, j’étais encore dans le ventre de ma mère), les Allemands sont venus l’arrêter.
Et là, un miracle s’est produit : ils cherchaient un Monsieur Cazin. C’était bien lui, mais les officiers d’état civil s’étaient trompés en recopiant son nom mal écrit sur le document et Cazin était devenu Craw sur sa carte d’identité. Les Allemands sont repartis en s’excusant de l’avoir dérangé.
Mon père avait pris soin de cacher tous ses autres papiers d’identité sous le matelas du lit de ma sœur.
Mon père a gardé des souvenirs traumatisants de cette époque. Après la guerre, il passait son temps à se retourner quand il marchait dans la rue, pour vérifier que personne ne le suivait.
Quand il allait au cinéma, il ne pouvait pas s’asseoir au milieu de la salle. Il fallait qu’il reste près de la sortie. En voiture, il lui arrivait parfois de demander au conducteur d’arrêter la voiture pour qu’il sorte calmer sa crise d’angoisse.