Témoignage spontané

C’était à la fin des années quarante, je devais avoir douze ans et mon père, voyant que je ne savais pas trop comment occuper mon temps, m’a dit de le suivre au commissariat où il avait une démarche à effectuer. Il m’a expliqué en chemin que ce serait instructif pour moi. Nous sommes donc allés au commissariat qui se trouvait, à l’époque, à côté de l’ancienne mairie.

Je crois que mon père souhaitait obtenir une attestation de domicile ou un document de ce genre.

A l’accueil, le préposé l’a houspillé d’entrée en lui criant qu’il aurait dû faire justifier sa demande par deux témoins. J’ai appris plus tard que le type en question était surnommé le « chien du commissaire » parce qu’il aboyait sur tout le monde.

Mon père a repris son document et nous avons traversé la rue pour aller au seul café des environs.

Là, il a demandé à la cantonade : « Il y a des témoins ici ? » et deux vieux habitués du bar ont levé la tête. Nous sommes retournés avec nos deux volontaires au commissariat où ils ont dûment certifié notre demande.

Après quoi, mon père leur a payé un verre de vin blanc pour les remercier de leur coopération.

Apparemment, ils avaient l’habitude de « témoigner » régulièrement et les fonctionnaires de police les connaissaient très bien.

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