Cours interrompu
C’était en 1939. J’étais élève en quatrième au collège Vigny.
Un matin, un surveillant a frappé à la porte de notre classe et s’est approché du professeur pour lui parler à l’oreille. Le professeur a appelé un de nos camarades « Chalopin ! ». Celui-ci a levé la main. « Rangez vos affaires ! ». Il s’est exécuté dans un silence total, tous les yeux braqués sur lui.
C’était le jour de ses quatorze ans. Son père avait décidé que les études étaient terminées pour lui. D’après la loi, il pouvait donc arrêter d’aller en cours à cet âge. Pas question de le laisser là un jour de plus. Il ne nous a pas dit au revoir, ni même regardés. Il est parti sans se retourner.
Cette scène m’a tellement marqué que je me souviens encore de son nom après toutes ces années.