Bécon avant
Dans les années trente, l’avenue Pasteur n’était vraiment construite que jusqu’au carrefour de la rue du 22 septembre. Nous avions l’impression de vivre à la campagne. À l’emplacement des immeubles qui bordent la rue Alfred de Vigny, s’étendait une vaste ferme où les vaches grasses paissaient en paix. J’ai rencontré des provinciaux qui étaient convaincus que Bécon les Bruyères était une appellation imaginaire, reprise par Maurice Chevalier dans l’une de ses chansons.
Comme nous avions encore des locomotives à vapeur, le démarrage des convois était si lent que, débouchant sur la place de la gare, il était facile, en courant, de parvenir à quai avant que le train ne l’ait quitté totalement. Les wagons étaient en bois, possédaient quatre roues, et étaient équipés de larges marchepieds qui couraient sur toute la longueur pour permettre l’accès aux compartiments. On pouvait s’installer sur l’impériale, à l’air libre, même si l’on y recevait souvent la fumée et parfois une fine pluie d’escarbilles.
(d’après Roger Ouvradou)